Le roman du mariage
Mitchell aime Madeleine qui aime Leonard. Nous sommes sur le campus de la côte Est au début des années 80. Madeleine est une jeune fille qui n'a pas beaucoup souffert, des parents présents, une scolarité normale, elle se passionne pour les romans victoriens et voudrait vivre sa vie comme une héroïne d'Henry James et tomber amoureuse en lisant Barthes à la lettre! Madeleine va tomber irrésistiblement sous le charme de Leonard, un jeune homme brillant mais souffrant gravement de maniaco-dépression. Quant à Mitchell, c'est le garçon gentil, attentionné, épris de théologie, le bon copain et certainement le futur gendre idéal. Eugenides consacre ses romans à l'adolescence et, ici, il s'attaque à la sortie de l'adolescence. Un roman d'initiation qui va sonner pour ses personnages l'heure des choix, l'heure des doutes, l'heure des prises de conscience. Il dissèque l'influence de l'enfance sur sa vie d'adulte, de l'héritage affectif des parents... Eugenides décrit de manière saisissante comment Leonard (le personnage le plus intéressant!) va petit à petit sombrer dans la maladie mentale. Il renvoie Madeleine à ses paradoxes: se défaire du modèle parental mais y revenir (presque) inexorablement. Eugenides a une réelle tendresse pour Mitchell et sa quête d'absolu, de spiritualité, de don de soi (lors d'un voyage en Inde, il va travailler à la léproserie de Mère Térésa). Un roman d'initiation, d'apprentissage qui ne se termine pas tout à fait comme un roman de Jane Austen.
Je me suis laissée emporter par ce trio et même si au milieu du livre j'ai senti un certain essoufflement, j'ai aimé le rebondissement final.
Le roman du mariage de Jeffrey Eugenides, Editions de l'Olivier.