Conscience et ritournelle 1
Je vis à Paris et travaille dans le milieu culturel. J'ai la chance de pouvoir partir en week-end, en vacances. Je suis "une bobo qui brunche" quelques dimanches dans l'année. J'ai des amis qui travaillent majoritairement dans la culture ou l'enseignement. Mes amis savent comme moi que Merci n'est pas qu'une formule de politesse, nous avons dans nos armoires des fringues Isabel Marant et du H&M aussi, avons des bibliothèques remplies, allons dans des concerts, des expos, au ciné, on se rejoint sur bien des plans, des valeurs, des goûts... sur la blogo je retrouve des semblables qui aiment le masking-tape, qui aiment les fauteuils Eames, qui ont la chance de partir en vacances, qui savent ce qu'est le Liberty, tricoter ,coudre, rédiger des billets émouvants, drôles, incisifs, engagés... finalement ce soir je pense à Pierre Bourdieu et au déterminisme social. Le brassage n'opère pas.
La semaine dernière, lors du vide-grenier à deux pas de la maison de ma grand-mère, il y avait des badauds qui reposaient des objets dont nous demandions un euro, il y avait des très jeunes filles avec des très jeunes enfants, des femmes et des hommes rongés par l'alcool et les médicaments, il y avait des personnes que je ne croise jamais dans ma vie quotidienne, il y avait des familles dont on sent que les fins (et même milieux...) de mois difficiles sont éternelles, il y avait des gens qui ne sont plus dans la réflexion, qui ne peuvent plus prendre de recul alors je faisais part à ma mère que le troisième homme du prochain dimanche serait une femme. Que j'ai un mal de chien à comprendre l'insensé, le refuge dans la haine de l'autre, dans la peur du monde mais qu'il va falloir considérer cette réalité qui devient une ritournelle. Et ce constat terrible de se dire que la conscience politique est un luxe.